MARGOT
L'oreille entr'attentive, le museau dans les pattes
Elle dort, pelisse grise et feu.
Une mouche imprécise patine sur la vitre...
Les moustaches s'agitent, le regard coulisse
Entre flemme et passion, l'oeil ouvert, elle hésite.
Les babines frémissent en un bruit craquelé
Mais la tête s'affaisse, les griffes se détendent
Et bien déterminées, les paupières se referment.
Des senteurs suaves montent de la cuisine...
D'un coup, le corps avide se redresse sans bruit
Sa truffe délicate aspire avec espoir.
Elle sait qu'un refus, jamais je n'oserais !
Et comment le pourrais-je figée par ses prunelles
Ne quittant pas ma main ?
Et lorsqu'avec courage, je détourne les miennes
Sa patte avec douceur se pose sur mon bras.
Je reste sans pouvoir devant toi, ma discrète.
Je cède à ta tendresse, à tes yeux mordorés
Où s'ouvre si souvent un espace secret
Et si proche à la fois.
Poème de Geneviève Denozéaz